Tartous - Krak des
chevaliers - Beyrouth
En me réveillant ce matin à 6h, je ne m'attendais sûrement pas à
connaître ma journée la plus galère côté transport. Elle restera en tout cas
gravée dans ma mémoire. Sur les conseils du patron de l'hôtel je me dirige vers la
station des bus Qadmous. Arrivé à 7h au guichet, je
demande à aller au Krak des Chevaliers, pas de problème as usual mais le premier bus est à 9h soit deux heures
d'attente. Au guichet, je discute tranquillement avec un jeune syrien qui est
fier de me montrer que les bus sont français (Renault). J'insiste pour savoir
si le bus pour Homs passe par le Krak, pas de problème. Je discute ensuite
avec un autre chauffeur qui m'interroge sur la conduite en France, sur la
nécessité d'avoir un permis de conduire et de comment l'obtenir. Il est ébahi
par mes réponses car il semble qu'ici le permis de conduire est donné et on
comprend mieux leur façon de conduire sur les routes. Finalement je mets mon sac dans la soute en précisant une
nouvelle fois que je vais au Krak et non à Homs. Dans le bus je fais la
connaissance de 3 danoises qui étudient l'anthropologie au Moyen Orient. Une
petite discussion s'installe, elles m'expliquent, toujours sur le thème de la
conduite syrienne, qu'à Palmyre le chauffeur de leur minibus s'est fait
arrêter par la police et qu'il n'avait pas de permis de conduire. Il a fini
au poste mais qu'elle ne fut pas leur surprise de le retrouver le lendemain
au volant d'un minibus avec un grand sourire puisqu'il était sorti moyennant
un petit bakchich. Après 3/4h de route, je leur demande si ce n'est pas le
Krak que nous laissons à grande vitesse sur notre gauche. Affirmatif. Je
fonce donc vers le chauffeur pour leur demander pourquoi ils ne se sont pas
arrêter au Krak. Réponse simple : personne ne leur avait dit que je voulais y
aller. Je suis donc obligé d'aller jusqu'à Homs pour prendre un minibus ou
faire un stop aléatoire depuis la prochaine sortie. Je préfère aller jusqu'à
Homs et voir ce qu'ils peuvent faire pour moi à la compagnie de bus. Sur place, Mais c'est peine perdue, ni le responsable local de
la compagnie, ni la police ne veulent m'aider. Heureusement je rencontre un
chauffeur de taxi qui m'emmène gratuitement à la station des minibus distante
d'environ 500m alors qu'un autre chauffeur me disait qu'elle était à plus de
5km. Choukrane ! Le chauffeur est très sympa et
durant le court trajet il me met de la musique occidentale : Eminem, Mojo. C'est un fan. Je prends donc un minibus (25LS) pour le Krak en évitant de
payer le prix fort (2 places à cause du sac). Nous arrivons au Krak des
Chevaliers vers 12h, ce qui fait un sacré retard sur le programme, je comptai
être là vers 9h pour être au Liban en début ou milieu d'après midi. Je trouve
le château moins impressionnant que celui de Saladin visité hier. Il est moins
immense mais il est parfaitement conservé ce qui lui donne une allure de
citadelle imprenable. La carte ISIC fait encore une fois des miracles (15LS
au lieu de 400LS). La visite est passionnante, on a vraiment l'impressionnant
le temps d'un instant de se retrouver pendant les croisades et je me plais à
imaginer la vie dans ce château fort bien construit. Le glacis intérieur est
très bien conservé. Krak des chevaliers :
Glacis intérieur On peut remarquer sur le flanc sud du château entre les deux
remparts un bassin d'eau qui permettait de récupérer l'eau de l'aqueduc ainsi
que les eaux de pluie venues des terrasses. La galerie de style gothique dans
la cour intérieur donne accès à une grande salle qui mène à une immense salle
de 120m de long où pouvaient dormir les 2000 soldats. Krak des
chevaliers : galerie gothique Une autre grande salle de 60m se trouve au pied du donjon. Elle
est percée en son milieu d'un passage secret de plus d'1km qui permettait de
relier le château au village. Malheureusement n'étant pas équipé de lumière
je n'ai pas pu faire le chemin. Krak des
chevaliers : Salle des 60m Finalement, la visite m'a pris deux bonnes heures avec passage
obligé au sommet des deux tours sud malgré de fortes rafales de vent. A 14h, je retrouve le même chauffeur qu'à l'aller, il essaie de
nous vendre (on est 6) les places libres pour aller à Homs sans s'arrêter
mais nous refusons d'autant plus que le chauffeur trouve le Japonais qui
était du voyage à l'aller pour le retour. Finalement nous partons pour Homs. Arrivé à la station des minibus, je cherche un moyen de
locomotion pour Tripoli au Liban. Premier prix 250LS pour un taxi collectif
(5 places), mais un bus doit partir à 17h pour 200LS, je le prends. En
attendant le départ j'assiste à ma première bagarre entre deux syriens,
rapidement entourés par une foule compacte. Etrange ! Avant le départ, on ne
compte pas le nombre de vendeurs de glace (+ ou - gelées), de chewing gum et même de
chaussettes !! qui essaient de trouver preneur. Difficile ! Notre chauffeur grimpe à son poste de pilotage, il sera assisté
pendant tout le voyage par un jeune très dynamique qui court dans tous les
sens pour faire tamponner les autorisations de sortie, faire le plein... Le chauffeur
ne déroge pas à la règle, il conduit à Rapidement aussi je me rends compte que nous n'irons sûrement
pas à Tripoli car ce n'est pas la bonne route. Ce n'est pas grave, il doit
bien aller à Beyrouth ! Le passage des frontières syriennes et libanaises
s'effectue super rapidement d'autant plus que je suis le seul étranger
susceptible de faire ralentir mon super chauffeur, celui-ci l'a bien compris
et m'aide à passer devant tout le monde au guichet pour me faire tamponner
mon passeport. Au poste syrien, je rencontre deux Françaises qui sont ici
depuis 3h car elles veulent retourner en Syrie après leur visite du Liban
mais elles n'avaient qu'un visa à entrée unique pour
Une fois la frontière libanaise passée nous faisons quelques
stops pour déposer des personnes. La grosse différence avec En cours de route, mon chauffeur m'annonce avec un grand sourire
que nous n'allons pas à Beyrouth mais
à Chtaura, ville située non loin du site de Balbeek et à quelques 50km de Beyrouth. Je regarde donc
sur ma carte italienne et je comprends pourquoi je ne suis pas à Tripoli car
en arabe le nom de cette ville est Trablous, erreur
de ma part. Je vais donc devoir prendre un minibus sans une seule livre
libanaise mais heureusement de nombreux bureaux de change sont à Chtaura. Je peux donc changer mon dernier billet de
200LS. Un premier chauffeur me demande 2000LL (75LS ou 1,333 USD) et 2000
pour le sac, je refuse et il me laisse là. Un second minibus passe et me
prend pour 2000LL seulement. Je suis au fond et le chauffeur à la bonne idée
de mettre la musique à fond (même en me bouchant les oreilles j'entends très
bien !!). C'est encore incroyable le nombre de check points sur la route. Au total,
il y a plus de 30 check points entre le frontière avec Arrivé sur Beyrouth, le chauffeur me demande où je vais :
Charles Helou Station. Ce n'est pas sa route, il me
dit de prendre le minibus derrière le sien. Ok, no problem.
Nous roulons depuis 5 minutes dans le nouveau minibus lorsque tout à coup je
m'aperçois que je n'ai plus mon petit sac à dos, je l'ai oublié dans l'autre
minibus qui a pris une direction inconnue. A l'intérieur mon billet d'avion
pour le retour, l'appareil photo, bref, grosse panique en perspective. Le
chauffeur s'arrête donc à un rond-point et demande l'aide d'un policier.
Celui-ci, en français, me demande si je connais le numéro de plaque du
minibus. Non. La couleur du minibus. Noir mais il y en a beaucoup à Beyrouth.
Un signe distinctif. Les vitres sont teintées et il y a un trou dans la
feuille teintée à la vitre arrière droite. Là ce n'est pas facile de se
comprendre mais il arrête quand même 3 minibus derrière nous et dans l'un
d'eux, le chauffeur m'a reconnu. Je n'en reviens pas car c'est la première
fois que je viens au Liban. Il s'agit en fait du chauffeur qui n'a pas voulu
me prendre à Chtaura. Le policier me dit qu'il va
m'aider à trouver le minibus. Aussitôt dit, je fonce dans son minibus et je commence à lui
parler en anglais mais il me fait comprendre qu'il ne parle pas plus anglais
que français, il parle allemand car il a passé 5 ans en Allemagne, c'est un
moment magique où tout ce qui me reste d'allemand me revient instantanément.
Il m'explique alors que le minibus fait la navette entre Chtaura
et Beyrouth et qu'il a donc un itinéraire bien précis dans Beyrouth. Début de
soulagement mais je n'y crois guère, nous observons les deux côtés de la rue
mais aucun des minibus croisés n'est celui que j'ai emprunté. On se dirige
vers l'aéroport non sans demander de temps en temps à des personnes sur le
bord du trottoir s'ils n'ont pas vu le minibus en question. Cela fait bien 30
minutes que nous tournons dans Beyrouth, le chauffeur me dit qu'on va tenter
l'opération de la dernière chance : Attendre quelques minutes à un carrefour
et là miracle, un minibus passe devant nous et s'arrête pour prendre un
libanais, je reconnais ce minibus. Je sors et me précipite vers le minibus et
le chauffeur avec un grand sourire soulève mon sac. Gros Choukrane
! Toutes mes félicitations (Mabrouk) à mon
chauffeur de secours. Sa réponse est en anglais : Welcome
to Lebanon ! C'est sûr je me souviendrai longtemps
de mon arrivée à Beyrouth. Je veux lui payer un verre (de thé ou autre) pour
le remercier mais il ne veut pas, il est content de m'avoir aidé et c'est un
cadeau qu'il me fait. Je lui laisse quand même un billet de 100FRF c'est tout
ce qui me reste. Il me laisse près d'un arrêt de minibus où je vois un taxi arrêté
et son chauffeur en train de l'astiquer. Il me reste 1500LL soit 1$, je
m'avance et lui demande où se trouve Charles Helou
Station, mon point de chute à Beyrouth et vers lequel se trouvent pas mal
d'hôtels bon marché. J'en profite pour lui raconter ma mésaventure. Le
chauffeur est sympa et m'invite à m'asseoir pendant qu'il finit de laver sa
voiture. Il se prépare ensuite pour la prière. Finalement nous partons, il a
accepté de m'emmener pour 1500LL et là je me rends compte qu'on est très loin
de Charles Helou Station, bien trop au sud. Mais
pas de problème, on plaisante. Je lui donne le nom de l'hôtel (Shabaah Hotel) mais il ne voit
pas du tout où il est. Je suis mort de fatigue, je tente alors une autre
adresse, le Tala's New Hotel, il connaît et me laisse
devant la porte. Il me propose même de m'attendre si l'hôtel est plein pour
m'emmener ailleurs. Mais c'est bon au pire j'irai voir un autre hôtel à pied. Arrivé à l'hôtel je suis accueilli par un libanais très gentil
qui rigole bien lorsque je lui raconte l'histoire du jour. Il m'offre à boire
un coca cola, le premier depuis mon arrivée dans la région car la boisson est
interdite en Syrie, elle serait importée via Israël
!! Il me dit aussi que l'hôtel est complet mais je lui dis que ce n'est pas
grave, je peux dormir assis sur le canapé car je suis vraiment fatigué. Il me
propose de partager la chambre de deux français, ça me gêne un peu, il est
presque minuit. Il me propose ensuite de dormir sur le balcon qui a des
volets mais c'est comme dormir à l'extérieur. Il n'y a pas de problème, j'ai
dormi sur des toits en Syrie, je peux continuer au Liban. C'est Ok pour la
chambre ! |
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